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Je rencontrai Ori lors de mon périple pour le moins mouvementé d’Uyuni à Salta, au nord de l’Argentine. Une amitié de 12 heures exactement, une de ces rencontres qui ne donneront pas de suite (il n’a pas d’adresse email) mais qui ont compté et m’ont fait avancé dans mon périple, car Ori m’est tombé gracieusement du ciel, m’accompagnant, m’aidant et me guidant jusqu’en Argentine, alors que c’était plutôt mal parti…

Revenons brièvement sur les détails de la situation:
« Oui, oui, gros bus confortable puis changement à Tupiza pour Salta, facile! » m’avait annoncé une Bolivienne mal aimable. A mon arrivée à l’arrêt de bus le lendemain, je découvre un coucou local de 20 places, rouge décrépi et chargé de marchandises, qui doit m’emmener à … où ça?? Atocha?? connais pas… changement ensuite mais bien sûr, pas de Boliviens, mal aimable ou pas, pour m’aider. Assise à l’avant du bus dans un froid polaire, couverture miteuse remise par le chauffeur sur les jambes, je regardais passer les locaux, chapeaux vissés sur la tête et visages fermés, et les mamitas qui me gratifiaient d’un coup de leurs énormes sacs à patates, dont Dieu seul sait ce qu’ils contenaient, à chaque passage. J’interpelais chacun d’un Holà amical, espérant une réponse et plus d’infos sur la destination de notre bus mais n’obtenais que des regards curieux, voire méfiants. Jusqu’à ce que je repère un homme de 35 ans environ, cheveux coupés court, propre sur lui, charmant sourire, et… sac banane, pas de doutes possibles, c’est bien un touriste! Il répond à mon Holà chargé d’espoir et me propose spontanément de faire le chemin ensemble jusqu’à Salta: je suis sauvée!!
Arrivés à Atocha, un trou digne des pires romans de Stephen King, nous descendons ensemble et après avoir racheté des billets de bus pour notre prochaine destination, nous trouvons un mini stand à l’air douteux vendant du café dans un marché et en profitons pour faire plus ample connaissance.

Ori est argentin et en route pour Mendoza, à une sacrée trotte d’ici, ou il va retrouver femme et enfant, une fillette d’1 an, « mi amor de la vida! » me dit-il, perdu dans ses pensées. Il me raconte ensuite, dans un espagnol chantant ponctué de grands gestes et de larges sourires, son métier de commercial pour une grande chaine d’accessoires de mode féminin; il s’occupe de l’Argentine et d’une partie du Chili, dont il est également citoyen et vient de s’offrir 2 semaines de vacances en Bolivie.

Nous reprenons bientôt un autre bus, un peu plus gros que le précédent mais guère plus confortable, et durant toute la journée, Ori se plie en quatre pour négocier les bus, jusqu’à Tupiza, puis un van, me baladant dans les méandres des petites rues de Villazon jusqu’à La Quiaca, traversant la frontière à pied, me présentant un de ses meilleurs contacts pour changer mes dollars; il m’accompagne ensuite à l’arrêt de bus, que je n’aurais jamais pu trouvé aussi vite, me négocie brillamment mon dernier bus pour Salta. Juste avant son départ pour Mendoza, quelques heures avant le mien, il me conseille un petit bistrot où je déguste mon premier steak argentin!

Nous nous quittons chaleureusement; sans suite, sans attentes, nous sommes justes enchantés, lui et moi, de nous être trouvés pour cette traversée folklorique!

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