La vie rêvée des otaries

Avez-vous déjà considéré vous réincarner en otarie sur les îles Galápagos? Non? Alors fermez les yeux un instant, oubliez vos soucis quotidiens, videz-vous l’esprit et lisez ce qui suit:
Imaginez des îles paradisiaques, de l’eau fraiche et du soleil toute l’année, des plages de sable fin…
Imaginez-vous brun ou châtain clair, le poil fin et brillant, de petites oreilles, de longues moustaches, des yeux en amandes et de longues pattes palmées…
Imaginez que vos seuls soucis de la journée se résument à manger, dormir et jouer…

Très bien, vous êtes maintenant un petit otarie, de quelques dizaines de kilos, encore sous la dépendance de votre mère. Vous grandissez, apprenez à nager, mangez autant que vous pouvez (5% de votre poids à chaque repas), jouez le reste de votre temps libre.
Vous êtes maintenant adulte, atteignez 2 mètres et accusez un bon 300 kg (si vous êtes un mâle).
Votre nourriture principale est constituée de poissons frais; c’est avec élégance et rapidité que vous évoluez dans l’océan récupérer votre déjeuner. La mer est aussi votre principal terrain de jeu, seul(e) ou en groupe, vous aimez sillonner les fonds rocailleux, pirouetter à la surface de l’eau turquoise, faire la course avec vos petits potes sous l’eau. Sans compter tournoyez autour de ces humaines ridicules chaussés de palmes artificielles et munis de masque et tuba.

Nager avec un otarie est incroyable, fantastique… et effrayant! Je ne vous raconte pas avec 5 otaries…

Vous développez un système de communication très particulier, que vous pouvez déjà essayer de pratiquer: imaginez que vous ayez un violent haut-le-coeur mais que finalement rien ne sorte, voilà, vous parlez otarie!

Ces émotions passées, vous méritez bien une bonne sieste, sur le sable doré de la plage, sur un rocher encore humide, sur ou sous un banc, sur un ponton, le long d’une berge, en plein milieu d’un chemin d’accès pour bateaux, sur une marche d’escalier ou sur la coque d’un bateau… la liste est longue et vous ne laissez rien se mettre en travers de votre temps calme, qui représente une bonne moitié de votre journée. Vous vous extirperez quelques fois de votre torpeur le temps de vous rafraichir avant de vous trainer gauchement sur vos pattes arrières, vous affaler sur votre flanc, les moustaches au vent, retrouver Morphée.

Mais derrière votre air inoffensif, vous restez alerte; car si la mer est votre territoire, la terre peut jouer en votre défaveur, vous êtes aussi maladroit et gauche sur terre que nous n’êtes agile, rapide et souple dans l’eau. Et cela peut en amuser plus d’un… Des enfants viennent vous chatouiller les moustaches? ou viennent caresser votre duvet soyeux? vous mordez! des touristes vous ennuient, avec leurs photos? vous les coursez (comme cette française Marjo à Playa Mann qui vous cachait le coucher du soleil et que vous avez poursuivi sur quelques mètres, rugissant de toutes vos forces, devant un parterre de locaux amusés par les cris terrifiés de votre victime). Des jeunes filles vous irritent en vous grignotant votre espace vital? vous n’hésitez pas à renifler bruyamment et leur cracher un spray d’eau salée à la figure, les laissant trempées et au bord de l’évanouissement.

Car une autre de vos particularités est cette odeur, comment dire, caractéristique et pourtant si difficile à définir, un subtile mélange de chien mouillé, d’huître pas fraîche et d’un assortiment de plancton marin, embaumant l’air et les narines de vos voisins; mais ne dit-on pas qu’on ne sent pas ses propres odeurs?

Sur cette photo, je fais ma maligne…

… sur celle-ci, je me fait suprendre!!

Résumons: un système de défense naturel et efficace, une peau bronzée toute l’année, 3 siestes minimum par jour, la parité des sexes, des compagnons de jeu à vie, un brevet de nageur professionnel, du poisson frais tous les jours, des plages paradisiaques, du soleil 365 jours par an, le tout pour 25 à 30 ans!

J’ai déjà pris ma décision !!