Cet océan de rizières, vieux de plusieurs millénaires et berceau de la culture en terrasse, a de fortes chances de se réduire comme peau de chagrin.
L’UNESCO n’avait certainement pas pensé qu’en classant le site patrimoine mondial en juin 2013, il vouait également le site à changer de culture en ouvrant la vanne certes alléchante mais court-termiste, du tourisme.

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Un tourisme majoritairement chinois, et organisé pour privilégier les groupes et sur des périodes courtes, très courtes: pour 1 billet acheté pour 100RMB (environ 12E) s’ouvrent les 4 plateformes aménagées aux points de vue les plus privilégiés sur les rizières… sur 1 jour! Autant dire qu’il faut être efficace: 1 jour, 2 nuits pour la plupart des touristes, histoire de voir 1 coucher et 1 lever de soleil. Quand on sait qu’il faut 12 heures de bus de Kunming (ou 15h de Jinhong), les métropoles les plus proches, il faut être motivé.
Je restais 4 jours et négociais (férocement!) pour pouvoir accéder à différentes plateformes chaque jour, en fonction du temps bien sûr.
Les plateformes, luxueuses, équipées de bars/restaurants et commerces en tout genre, attirent les foules. Mais l’argent des tickets bénéficient aux promoteurs et non aux villages locaux…

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… qui ont donc décidé de s’organiser pour profiter eux aussi de cette aubaine! C’est donc dans les constructions d’hôtels et d’auberges que les Hani et Yi investissent pour attirer le touriste. Et ils s’y mettent à fond: ces « villes modernes » longeant l’artère principale croulent sous les constructions: les routes sont recouvertes de gravas, les sacs de ciment entravent les chemins, les premiers édifices s’élèvent, massifs, sans charme, côte à côte avec les vieilles demeures en pierre des Hani et des Yi.

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Car ici, le gouvernement n’a pas le dernier mot, ce sont bien les communautés locales qui, avec l’argent (non taxé) récolté du riz, qui est vendu partout en Chine et au-delà , investissent dans leurs futurs hôtels. Les avis sont partagès: certains Hani se voient bien vivre de les revenus hôteliers, et ainsi s’extraire d’une dure vie de dur labeur, d’autres en revanche ne souhaitent pas abandonner leurs valeurs ni leurs rizières, ces dernières nécessitant une main d’œuvre gigantesque à peine couverte par les populations locales…
Bien sûr, il semble logique que si la tendance se poursuit ainsi, les rizières vont se réduire, car moins exploitées… donc moins belles! L’UNESCO pourrait-il revenir sur sa décision dans quelques années? Je me demande personnellement quel suivi fait effectivement l’UNESCO car quand on voit Lijiang, dans le Yunnan, autrefois une perle locale, aujourd’hui une piscine à touristes: on est en droit de se poser la question…
Question que mon ami Hani élude d’un grand geste de bras: l’Unesco n’est pas impliqué dans leur développement, ce sont eux qui gèrent leur futur, et eux seuls.

Espérons que les Yi et Hani sauront faire la part des choses, dans cette région encore très enclavée et difficile d’accès, et malgré tout préserver ce trésor patrimonial et merveille du monde de longs siècles encore.