C’est avec émotion que je reprends ma « plume » pour me replonger dans les fantastiques villages et fameuses rizières en terrasse du Yuanyang, à 4 heures de bus de Jianshui. Difficile de ne pas basculer dans le lyrisme tant ces rizières m’ont émues: sculptées dans les montagnes, gorgées d’eau en cette saison, elles sont gigantissimes, fabuleuses, presque irréelles.
Une merveille, technique et esthétique, que l’on doit a l’inventivité, au génie, des minorités Yi et Hani.
L’UNESCO a classe le site patrimoine mondial depuis juin 2013, une aubaine pour les locaux qui risque cependant de faire plus de mal que de bien a la région. La chape de plomb du tourisme de masse risque de bouleverser les coutumes locales autant que les rizières (j’y reviens dans un prochain article)…
Pour l’heure, place a la magie: c’est a Duoyishu, un des petits villages plantes au coeur des rizières, que je débarque toute guillerette pour 4 jours de découverte…
Balade à AiCun. J’ai une chance inouïe, les nuages bas laissent bientôt place au grand beau temps. La brume, en cette saison, est quasiment omniprésente et, quand elle laisse percer les rayons du soleil, elle insuffle sur les rizieres et paysages un caractère fantasmagorique.
Je bifurque dans d’étroits sentiers, m’éloignant des villages plus « modernes » longeant la route, vers ceux plus traditionnels et bien moins peuples bordant les rizières. Les descentes dans les villages aux teintes grises, baignés dans la brume, sont abruptes, et les remontées sportives.
Je me perds dans les dédales de rizières, je casse la croute, je papote avec les quelques chinois que j’entends parler mandarin, avant de remonter les innombrables marches vers la route.
Coucher de soleil sur l’une des 5 plateformes aménagées du site. Là aussi un des travers du tourisme local. Malgré les milliers de chinois, la vue est imprenable et l’expérience remarquable. Je descends sur la plateforme inférieure et 400 marches plus tard, me cale devant une vue de toute beauté, baignant dans une lumière chaude de coucher de soleil. Les couleurs changent au gré des minutes, impossible de retrouver 2 fois la même impression. Mes voisins regardent le spectacle à travers leurs objectifs, je décide de lâcher mon appareil et de me concentrer sur les derniers mouvements du soleil, plongeant telle une boule de feu derrière la montagne opposée. Je reste là longtemps, bien après que le soleil ne se soit effacé derrière la cime, presque seule sur la plateforme, à contempler les dernières lueurs du jour, rougeâtres, se refléter sur les ondes des rizières.
Diner convivial dans ma première auberge avec 6 autres chinoises, de Hong-Kong, Canton et Kuming. Recroquevillées autour d’un feu microscopique (on se les caille), nous papotons bruyamment jusqu’au couvre-feu… de 22h!
2e jour
Ce matin, c’est a 5h que je me lève et me couvre d’une petite dizaine de couches avant de sortir dans un noir complet vers le point de vue de Duoyishu, avec quelques centaines d’autres touristes chinois, pour le lever du soleil.
Le froid est mordant mais la vue sublime. Le ciel commence peu à peu à se zébrer de rouge; mais il faut attendre 7h30 pour que le soleil émerge enfin de la montagne nous faisant face! La moitié de mes acolytes chinois est déjà parti… Les jeux de couleurs sur les rizières sont alors extraordinaires et malgré le bruit alentour, mon esprit part vagabonder dans les méandres des rizières. Je reste plantée la pendant 2h40, presque sans bouger, ce qui va gravement me refroidir pour toute la journée!
Je repars après quelques brochettes de pommes de terre explorer ces rizières sublimes sous les feux matinaux, et me pose, contemplative, dans ce paysage lyrique et enchanteur, calme à souhait. Quelques fermiers passent et me baraguinent dans leur dialecte, je ne comprends rien mais nos sourires parlent pour nous!
3e jour
Je me lance pour 2 heures de balade, sur la route principale, pour Bada et un dernier coucher de soleil. Le temps n’est pas au beau fixe et je marche quelques fois happée dans la brume, une visibilité de 3 mètres au maximum! L’air se refroidit instantanément et quelques grandes vagues de vent (et de froid) plus tard, la brume laisse percer les rayons du soleil…
La vue de Bada; en ce début de soirée, la brume a gagne son combat sur le soleil et les rizières restent désespérément invisibles. Je reste avec quelques pèlerins admirer un ciel aux reflets colores et même si le spectacle est bien différent de celui des jours précédents, il n’en reste pas moins inoubliable.
Dernière soirée placée sous le signe du rire avec un groupe de jeunes chinois avec lequel je joue à des jeux de rôles aussi divers que complexes!
Au delà de ces paysages idylliques, ce sont les locaux, ces minorités Yi et Hani, qui font la force de l’endroit, à découvrir ici…
1 comments
lili says:
Sep 4, 2014
Magnifique ! Et, penser que c’est une sublime oeuvre d’art humaine, laisse admiratif ! Que de travail !
Les couleurs au lever et coucher de soleil sont extraordinairement belles. Je comprends encore mieux ton enthousiasme…
Merci pour ces belles photos!
bisous